Bauhaus : "Fermeture définitive"

Lundi 17 mars, nous apprenions avec tristesse le décès de Michel, patron emblématique et iconoclaste du Bauhaus bar, rue Sergent Blandan.

Et cette triste nouvelle prend une résonance toute particulière pour nous car c’est précisément entre les murs du Bauhaus qu’eurent lieu les deux toutes premières soirées de Middlegender, le 5 novembre 2005 et le 21 janvier 2006.

Deux soirées d’anthologie qui marquèrent à plus d’un titre les esprits. Ce fut tout d’abord la rencontre entre le patron d’un nouveau bar underground, mal rasé, les cheveux en bataille, fan de new wave et de ciné d’art et d’essai, et une petite bande de potes en robe à fleurs, pédés et gouines hystériques, fraîchement montée en association afin d’organiser les premières transpédégouines parties alternatives de Lyon.

L’alchimie fonctionna, et qu’importe l’inexpérience et la candeur puisqu’il y avait du monde -beaucoup de monde- et une ambiance survoltée. Un bordel innommable qui resta aussi gravé dans les mémoires de la police nationale puisqu’ils mirent un terme à ce trop plein d’enthousiasme en nous foutant touTEs dehors deux heures avant la fin de la soirée...

La flamboyance du Bauhaus fut égratignée par une fermeture administrative puis par une ouverture limitée jusqu’à 1h du matin seulement. Mais Michel était de ceux qui sans jamais hausser la voix,  manient la résistance passive avec frénésie. Et pour cause, la survie de son bar était en jeu.

Le Bauhaus devint donc ce bar où il était possible de voir sans transition aucune une rétrospective sur les Smith, sur Boby Lapointe puis un des premiers court-métrages de François Ozon, de participer à une soirée gothique, d’assister à un concert de la nouvelle scène punk toulousaine ou tout simplement d’aller boire un (c’est un euphémisme...) verre.

Plus généralement, le Bauhaus était de ces bars de la providence où l’on allait comme une évidence après avoir passé en revue dubitativement toutes les possibilités de sorties nocturnes. Après quelques temps d’égarement, on s’y rendait parfois aussi un peu honteuSE comme on se rend chez une vieille tante qu’on a trop longtemps négligée.

Combien de fois sommes-nous arrivéEs au Bauhaus à 19h pour en sortir titubant au beau milieu de la nuit. Sur les coups de 1h, Michel fermait le bar afin que la fête continue dans une ambiance toujours un peu vaporeuse au sous-sol pour les plus endurantEs d’entre nous parmi les punks, minettes, dandys, artistes bohèmes, alcooliques mondainEs, et j’en passe... qui composaient l’essentiel de sa clientèle. Après avoir joué les quadripèdes dans l’escalier, à l’heure de rentrer enfin chez soi complètement bourréE et du "je te dois combien, Michel?" , on s’entendait répondre :

" Bah... file-moi 10 euros...
- Heu... t’es zzzûr? parce que ch’en ai bu une bonne dizaine des d’mis..."

Le 12 février 2008, Middlegender organisa sa 19ème soirée à Lyon, sa dernière soirée au Bauhaus.
Merci Michel de nous avoir fait confiance. Merci pour tout!

http://myspace.com/bauhausbar